Oyez, oyez, le RP est lancé, avis à tous ceux que ça regarde

Je lance ici le RP de fusion dont on a discuté avec Death Knight et Don.
Si vous ne connaissez pas le principe, il s'agit d'incarner un personnage imaginaire dans un univers imaginaire, ici héroic-fantasy, et de lui faire vivre des aventures tout aussi merveilleuses. La différence est que dans ce RP (role-play), la partie n'est ni suivie ni dirigée par un maître de jeu; c'est aux joueurs de décider de l'issue de leurs actions dans la mesure où elles ne gênent pas celles des autres joueurs. Vous pouvez donc imaginer vous-même l'histoire de votre personnage en le faisant voyager dans l'univers, en respectant toutefois certaines règles de base :

Citation :

LE PRINCIPE DU JEU :

Avant tout, ce jeu est une histoire : pas d'expérience, pas de caractéristiques, pas d'inventaire.

Le joueur est totalement libre de créer son personnage (avec la personnalité, la situation sociale, la situation militaire, les richesses, les possessions qu'il souhaite).

Ainsi, il n'est pas obligé de commencer l'histoire comme simple villageois : il pourra être duc, roi, général, tenancier de taverne ou esclave - dès le début du jeu, il pourra être d'une habileté légendaire ou totalement incapable de manier une arme.
De même, à part la cohérence de sa partie, il gèrera les objets de son personnage (vente, achat) d'une façon informelle.

LES LIMITES :

Pour autant, le joueur n'est pas tout puissant, et il ne suffit pas d'écrire une chose pour la faire se réaliser.
Ainsi, deux limites ont été fixées :

Face aux autres êtres vivants

Un joueur ne peut parler que pour lui-même ou pour un PNJ (pas à la place d'un autre joueur).
Un joueur ne peut agir que pour lui-même ou pour un PNJ.
Toute action déterminante pour la suite de l'histoire (attaque, persuasion, intimidation, corruption, vol, crochetage d'une serrure...) devra être soumise au joug du hasard.

Pour cela, on utilise la fonction lancé de dés intégrée du forum.
Le résultat donné par le dé est alors à interpréter par le joueur suivant ces lignes :

1 = Succès avec conséquences positives inattendues
2 = Succès simple
3 = Réussite, mais le héros rencontre des complications imprévues (il trébuche, son arme lui échappe des mains, subit une blessure légère ; l'action réussit, mais de peu).
4 = Réussite, mais le héros paye lourdement sa tentative (blessure grave, l'arme se brise, bourse perdue, caleçon égaré ?)
5 = Échec simple
6 = Échec, le héros paye lourdement sa tentative (blessure grave, etc).

Exemple : Hrodnar le barbare décide de se raser avec sa hache. Les barbares ne sont pas réputés pour être de fins lurons, mais bon. Il lance son dé : 4. Il a donc réussi à se raser, mais sa hache était trop affutée, et il a donc perdu 1kg de chaque joue dans l'affaire. A l'avenir, il n'aura plus besoin de se raser.

Les combats entre joueurs sont possible de la même manière, mais le vainqueur ne pourra que "laisser pour mort" l'autre joueur (à celui-ci ensuite de décider du sort de son personnage, de décider si c'est une mort qui lui convient pour son héros, ou s'il va mettre en scène la façon que son alter égo aura de s'en tirer).

Face à l'univers du jeu

Un joueur ne peut pas décider d'une coulée de lave ou du déclenchement d'une guerre dans laquelle il n'est pas directement impliqué ; en revanche, un jet de dé spécial viendra régulièrement "mettre à jour" la géopolitique de l'univers avec un évènement spécial.

Pour ce qui est de l'univers, il est décrit ci-dessous dans les grandes lignes; rien n'empêche le joueur de décider lui-même de l'environnement dans lequel il évolue (il peut créer des villes et villages, décider de l'emplacement d'un donjon habité par un vil sorcier, choisir s'il rencontre un marchand de glace ambulant ou une horde de démons en vadrouille, etc.) cela à la seule condition qu'il respecte les descriptions de base de chaque pays (afin de faciliter une certaine cohérence entre les différents joueurs).

Carte du Monde :

Spoiler:

Le monde est un continent entouré d'îles et constitué de onze pays :

Spoiler:

Pour les premiers joueurs courageux à se lancer : décidez de quel pays vient votre personnage et faites en une brève description (du personnage mais aussi du pays : c'est à vous que revient la lourde tâche de donner le ton ! ^^). Introduisez ensuite ce qu'il vient faire ici; est-ce qu'il mène une petite vie tranquille, est-ce qu'il voyage, est-ce qu'il cherche l'aventure où se rend quelque part dans un but précis ?
N'oubliez pas de mettre le maximum d'informations dans votre message, puisque c'est là-dessus que devront s'appuyer les autres joueurs pour réagir; et le jeu par forum ne permet pas de se répondre très rapidement, il faut donc qu'ils puissent avancer sans attendre de détails supplémentaires.

Edit : Vous pouvez utiliser ces facesets en tant qu'avatar pour vos personnages:

https://rpgfusionv2.1fr1.net/autres-f28/facesets-fire-emblem-6-t1706.htm#15887

Ou en trouver vous même un qui vous convient mieux bien sûr.
Pour le mettre en encart dans le texte, voilà le code :

Code:

<img src="adresse_de_limage" style="float: left; margin: 5px;" />

Voilà, je pense que c'est tout, alors que le plus beau commence !
Et que ceux qui ont quelque chose à ajouter le fassent maintenant ou se taisent à jamais.

- Idiot, regarde donc où tu mets les pieds !

Ravaillac grimaça avant d'adresser un vague geste de la main à l'autre, en lieu d'excuse. De nouveau à sa table, sa choppe et sa bourse déliée devant lui, il manipula pensivement ses deux derniers écus.
Pas qu'il ne sût ce que son corps réclamait, ni où il irait pour l'obtenir - mais dès que le soleil serait descendu derrière les petites maisons de grès, sa place serait auprès de son père et des autres nobles... auprès de ce vieux monarque, l'homme à qui appartenait sa vie, alors que des prêtres récupèreraient son bouclier et sa couronne, lui raseraient la barbe et les cheveux, et l'emmèneraient dans le monastère où il finira sa vie.
Son ultime humiliation, après un règne d'offenses et d'intrigues.

A Olunshun, les cartes n'avaient pas mis plus de deux générations à changer de main. Si l'idée d'un Royaume uni avait un temps survécue, dans ce territoire balayé par les vents et recouvert de neige, la réalité du pouvoir avait de longue date été accaparée par les Marquis. Petit déjà, c'étaient ces chefs militaires aux domaines frontaliers de l'Empire, derniers remparts aux invasions du Sud, qui incarnaient l'idéal Wigur dans les chants entonnés par les villageois avinés.
Dans quelques instants et dans l'indifférence la plus totale, le Royaume cesserait d'être pour devenir une fédération de grandes seigneuries.

Après une moue indécise, Ravaillac résolu d'ignorer les résidus suspects qui flottaient à la surface de son verre, et avala une longue rasade de bière. Pour sa famille, une noblesse d'apparat qui ne devait son statut qu'à la bonne grâce du Roi, l'avenir paraissait soudain bien incertain.

Un rapide coup d'oeil dehors, où il faisait déjà sombre ; l'heure approchait. Il allait falloir qu'il se lève. Qu'il règle sa note, et qu'il se dirige vers la bâtisse où se tiendrait la cérémonie.
Pourtant, en cet instant, il se surprit à douter de sa réelle intention de le faire.

Perdu dans ses mêmes pensées, fredonnant le même air, marchant sur le même chemin, de telle sorte que ses pieds pourraient le mener à ses endroits favoris d'eux-même. "Mais pourquoi s'obstine-t-il? Il ne cherche même plus à comprendre..."
Le jeune homme se frayait à présent dans les sous-bois, il appréciait quitter son village natal pour explorer les contrées, plus le temps passait et plus il éprouvait de la satisfaction à la solitude.
Le soir venu, alors qu'il rentrait, toujours avec la même haine, il entendit une voix:"Hector. Hector!". Cette voix familière émane d'une jeune fille.

"-Lyn, que fais-tu si loin du village?
-je ne suis pas si loin que cela, et c'est Mère qui m'envoie te chercher.
-Qu'y a-t-il encore? répond Hector avec une pointe d'amertume dans sa voix.
-Mère dit que tu t'arranges toujours à rater les cérémonies religieuses! Elle insiste à ce que tu sois présent, et moi aussi!
-Et Père, pourquoi ne viens-il pas!? cria Hector, Pourquoi nous a-t-il abandonné?
-Tu ne vas recommencer, il est soldat de l'Armée Impériale de Yojaran, il a ses obligations... répliqua Lyndis, d'une voix maillant la lassitude et la colère.
-Il est toujours absent, et dès qu'il reparait, il m'ignore complètement...
-Vous en avez pourtant déjà parlez, non? Tu n'est pas prêt pour de telles responsabilité, et ta place est auprès de nous, pas sur les champs de batailles....
Mais un cri déchirant provient de leur village natal...
-AH! Les bandits de Tranzouk !!!
-Zut! Ils ont donc cessé leurs harcellements! Ils veuillent piller notre village directement... Lyn, par te cacher dans les montagne, vite!!!"
Son timbre de voix passant de la lassitude à la haine plus vite qu'un feu tricolore, il partit dans la directions du village en flamme.
"-Hector! Où vas-tu!?
-Prouver à mon père que je suis fin prêt..."
Lyn, impuissante, vis son frère s'éloigner à vive-allure, mais ce qui inquiétait le plus Lyn n'était pas le village et les bandits, mais le sourire sarcastique et une flamme ardente dans ses yeux qu'il avait en prononçant ce qui pourrait être ses derniers mots échangés avec sa sœur...

Alrignyr regardait de loin les nobles se rassembler au palais du roi. Un changement de régime, doux et silencieux, se profilait sans que la majeure partie de la population n'en aie même eu conscience. Et pourtant, l'avènement des marquis, ces petits seigneurs fanfarons et bien souvent violents, allait marquer l'arrivée d'une nouvelle ère.

D'autant plus pour Alrignyr qui dépendait directement du Roi pour sa simple reconnaissance par la société Wigur. En tant que prêtre-guerrier du Dieu Ognyr, le patron des guerroyeurs et des festins, investi de pouvoirs aussi redoutables qu'inacceptables pour une société en temps de paix même troublée, il redoutait que les marquis ne tentent de se séparer une bonne fois pour toute de ce culte turbulent qui était le sien. Peut-être allait il seulement perdre son statut de protégé du Roi; peut-être allait il être victime d'une purge, ou envoyé en exil. Tout dépendrait du bon vouloir de ces nobliaux avinés, et il peinait à s'imaginer cette situation.

Appuyé au parapet de l'un des balcons du corps de garde, il observa cette scène pendant une bonne heure, avant de se décider pour une promenade dans les rues de la ville, et la perspective d'une bonne choppe de bière dans la première taverne venue. Après tout, s'il allait mourir demain assassiné dans son lit, autant être saoul quand cela arriverait, se disait-il.
Et c'est ainsi qu'au détour d'une ruelle, il pénétra dans l'un de ces bouges enfumés typiques de la capitale, pour être accueilli par une dizaine d'yeux désapprobateurs; les gens savaient ce qu'il était, et si ça ne suffisait pas, ils pouvaient lire les lignes tatouées sur ses bras. Bien des imprudents avaient péri dans de simples bagarres d'auberge auxquelles l'un de ses confrères avait participé. Ils étaient réputés pour perdre facilement le contrôle de leurs bras à la moindre provocation, et leur violence naturelle faisait le reste. A chaque fois cependant, ils avaient été couverts par leur statut privilégié. Qu'arriverait-il si celui-ci n'avait plus raison d'être ? Alrignyr se le demandait, et il n'était apparemment pas le seul, au vu des chuchotements qui avaient fleuri peu après son entrée.
Il hésita à sortir immédiatement de la taverne, mais après tout, la fuite lui était interdite en toute occasion, et de toute façon, il avait très soif.

Un homme à la démarche chancelante dévalait tant bien que mal la maigre pente qu'offrait une ruelle de...

... Où était-il déjà ? Il se souvenait qu'on l'appelait Tremblay. Tremblay. Drôle de nom quand même. Sa botte resta bloquée sur un pavé brisé et en un instant, il se retrouva projeté au sol, face contre terre. Le paysage ambiant défila à toute vitesse devant ses yeux hagards. Cette ruelle sale, l'eau croupie dont les effluves nauséabondes pénétraient le dallage de mauvaise qualité... Il resta ainsi plusieurs minutes. Un rat vint passer près de ses pieds et, nargueur, fit demi-tour pour descendre la ruelle. Tremblay se remit sur pieds, et, s'équilibrant prudemment de ses mains, entama sa traversée maladroite adossé contre un mur.

Il arriva finalement devant une petite fontaine de pierre d'où s'échappait une eau claire et glacée aux reflets somptueux. La lune semblait se refléter sur le moindre détail de ce décor, offrant mille éclats lumineux sur les gouttelettes ruisselantes. Sa gorge le brûlait affreusement désormais. D'un pas plus assuré, Tremblay rejoignit en boitant la fontaine non sans manquer de trébucher à plusieurs reprises. Il se pencha pour boire et ne pu s'empêcher de croiser son propre regard. Il se sentait pitoyable, honteux. Ses yeux renfoncés, ses traits fins, ses cheveux gras et en bataille, tout chez lui l'écœurait un peu plus. Il frappe du poing la surface de l'eau et parvint à boire avidement plusieurs gorgées après s'être calmé.

Mais où était-il ? La question le taraudait toujours. Et d'ailleurs, d'où venait-il ? Il prit conscience qu'il avait froid. Yojaran. Il était dans ce pays de paysans, il s'en souvenait à présent ! Un sourire carnassier traversa son visage. Chiens de Yojariens, ils allaient payer de s'être accaparé la terre de ses ancêtres. Il touchait au but, la voix à l'intérieur de sa tête s'apaisait. Tremblay jeta un coup d'œil par-dessus son épaule pour vérifier qu'aucun garde ne pouvait le voir. Les soldats assignés aux villes étaient manifestement devenus de plus en plus rare depuis que le front du nord s'ébréchait. Il frissonna. Intéressant. Il pourrait peut-être se servir des Wigurs pour atteindre son but tout compte fait.

Il déploya une grande carte visiblement malmenée par le temps sur un banc en bois humide avant de s'asseoir maladroitement à côté. Un nouveau sourire carnassier illumina un bref instant son visage : les Aksous ne laisseraient pas leurs terres sacrés plus longtemps aux mains de ces stupides peuples, il était grand temps que la bannière dorée flotte à nouveau aux-dessus de leurs têtes. Lentement, Tremblay se leva, attrapa un solide bâton à portée de main et reprit sa route, claudicant.

Loin de l'apaiser, l'alcool n'avait fait que livrer Ravaillac à ses pensées les plus sombres. Plus le temps passait, plus le cynisme de cette messe lui semblait intolérable. Il s'y était peut-être dérobé - mais là, à un jet de pierre, il ne pouvait s'empêcher de la deviner.
De la savoir.

Il restait pourtant là, sur son banc, le dos voûté. Apathique. Inutile et absent. Depuis une trentaine de minutes, il avait porté sa lame à hauteur de son visage. A moitié dénudée, encore en partie dans son fourreau, il ne semblait plus se lasser de la soupeser. C'était curieux, comme il aimait à sentir le poids de son arme... et comme, à cet instant, il regrettait d'avoir négligé d'apprendre à s'en servir.

Son grand-père avait été un Antrustion, ces gardes d'élite qui avaient bec et ongle protégé le père du Roi, alors encore dans ses jeunes années. Rugueux, comme tous les Wigurs, mais habile à l'épée et d'une fidélité sans borne. Aux côtés de son maître, il avait vu naître Olunshun ; avec elle, la promesse d'un destin tracé à la pointe de l'épée... mais d'un véritable destin. Ce peuple de mercenaires, jusqu'alors éparpillés dans les corps d'armes de l'Empire, n'en seraient plus jamais les chiens serviles ; ils avaient désormais une terre, une bannière, et ils mourraient pour eux-mêmes.
Il balaya la salle du regard, passa en revue les visages, et ne put réprimer une moue amère.
S'ils savaient.

Il était sur le point de replonger dans ses pensées quand un homme entra dans la taverne. Il était un instant resté sur le seuil, alors que, une a une, les voix qui animaient la pièce avaient baissé d'un ton. Entre deux gorgées, Ravaillac remarqua les marques sur ses bras. Comme tout le monde, il reconnut l'un des membres du culte dont le Roi s'était entiché. On prêtait à ces formidables bretteurs toutes sortes de pouvoirs plus ou moins folkloriques. Une pensée traversa furtivement son esprit nébuleux... une pensée qu'il n'eût pas alors la force ou le bon sens de refouler.
Mais c'était déjà trop tard. Lentement, il se leva, et après avoir une première fois trébuché, s'approcha suffisamment pour pouvoir poser sa main sur l'épaule de l'inconnu.

- Nous servons le même homme, articula-t-il lentement, avec un sourire maladroit.

Il marqua une courte pause, tourna un instant la tête derrière eux, et baissa la voix :

- Allons l'assassiner.

Alrignyr se dirigeait vers le comptoir, tenu par un homme ventripotent d'une trentaine d'années. Il fumait dans un grosse pipe qui exhalait des relents acres, une herbe récemment apportée par les hommes de l'Occita Camino. Il semblait ignorer complètement le fracas des hommes abrutis par la bière qui jouaient à qui beuglerait le plus fort pour se faire entendre.

Un homme vint alors à lui et lui posa la main sur l'épaule. Il n'avait pas cru que les gens s'en prendraient à lui aussi rapidement, sans même prévenir. Les bonnes manières Wigurs et l'art de la provocation se perdaient. Il se préparait mentalement à enfoncer son poing dans le visage de l'inconnu à une distance assez profonde pour le déformer à vie, lorsque celui-ci lui chuchota :

-Nous servons le même homme.

Alrignyr soupira. Toute cette histoire l'avait rendu tellement tendu qu'il voyait des ennemis partout. Il fut soulagé de découvrir qu'il y avait encore des gens qui ne les détestaient pas, lui et son culte. La suite le rendit cependant dubitatif :

-Allons l'assassiner.

Et voilà, encore un lunatique, pensa-t'il. Il ne savait pas s'il devait relever ou non la proposition indécente de l'homme jeune qui avait encore la main sur son épaule; il ne pouvait traiter que ses ennemis, les fous étaient en dehors de ses compétences. Pourquoi vouloir assassiner un Roi déchu, si près déjà de la fin de son règne ? Quelle utilité pourrait on trouver à accélérer un processus inéluctable ? Cependant, le soulagement qu'il avait éprouvé en découvrant que l'homme ne voulait pas sa vie ne s'était pas entièrement estompé, et il décida, fait rare, d'opérer avec politesse.

-Pour moi, il est déjà mort. Allons, laisse-moi, je suis venu oublier toute cette histoire.

Dégageant la main de l'inconnu, il alla s'asseoir à une table vide, au fond de la pièce. A côté de lui, un groupe d'étrangers, probablement des marchands, discutaient dans une langue étrangère. Il regarda sa chope de bière, en avala un gorgée; pour la première fois, il lui trouva un goût aigre, et il perdit l'envie de boire. L'homme lui avait insufflé à nouveau la mélancolie qu'il avait perdu un moment en déambulant dans les rues de la capitale, et il se prit à se morfondre sur son sort.

Assassiner le Roi ? Quelle idée. Ce n'était pas comme si personne n'avait essayé par le passé, mais ils avaient tous sans exception fini sous les coups des Antrustion, les gardes d'élite du Roi. C'était peut-être une idée à la mode alors que le royaume se formait, que le Roi agrandissait l'Olunshun en faisant tomber les petits seigneurs de guerre et en soumettant les autres, en balayant les armées venues du Sud, en promettant milles richesses et en forgeant cent alliances; mais aujourd'hui, alors qu'il n'était plus qu'un vieillard fatigué dirigé comme un pantin par les marquis, il ne voyait pas ce qui pourrait motiver quelqu'un à s'attaquer à lui...

La main de Ravaillac était restée en suspend alors que l'inconnu s'éloignait. Il demeura là un instant, désemparé, avant de rejoindre timidement sa table.
Alors qu'il tirait doucement un tabouret, il s'adressa de nouveau à l'homme :

- Je... je n'ai plus les idées très claires, mais...

Mais quoi ? Le savoir lui aurait évité de bafouiller, mais dans l'état où il était, lui-même ne connaitrait la teneur de son discours qu'après l'avoir prononcé. L'alcool n'y était bien sûr pas étranger. Peu importe ; s'il arrivait à dire ce qu'il avait à dire, un succès d'orateur ne serait peut-être pas absolument nécessaire.

- Les martyrs... les martyrs ont toujours trouvé grâce aux yeux du peuple.

Il avait froncé les sourcils, le regard dans le vague.

- Peut-être... mort, ce roi, silencieusement écarté de l'échiquier... pourrait être plus encombrant pour ses adversaires qu'il ne l'a jamais été lorsqu'il était en vie.
Nous servons tous les deux le même homme, répéta-t-il après un court instant. Ton Ordre ne connait de réalité que grâce aux largesses de la famille royale, valet d'Ognyr.

Une des tablées voisines à la leur venait de partir d'un rire sonore. C'était un petit homme chauve, visiblement en verve ce soir, qui tenait le crachoir. Ravaillac s'arrêta un instant sur le groupe, la bouche entrouverte - puis, sans le quitter des yeux :

- Ce soir, le cortège qui le conduira au prieuré ne sera sans doute mené que par des prêtres. C'est... précisément... parce que, ce soir, cet homme est traité par tous comme quantité négligeable que l'approcher sera possible.

Silencieux, grave, Ravaillac chercha de nouveau le regard de l'inconnu. Mais quelques longues secondes s'écoulèrent, et déjà il réalisait toute l'absurdité de sa démarche. Parler l'avait un peu désaoulé, et il commençait à regretter de s'être ainsi donné en spectacle à cet étranger. Il avait de nouveau un sourire d'enfant maladroit lorsqu'il se releva et, pour couper à toute réponse, s'empressa de lui adresser un geste désinvolte de la main. "Allons, idiot, tu vois bien que j'ai trop bu". A quoi bon ? Il avait l'impression d'avoir été affreusement peu convainquant, et ne comptait pas attendre d'en avoir la preuve.
Avec un peu de chance, tout ça passerait pour des divagations d'ivrogne.

Alors qu'il se tournait vers la sortie, pendant à sa ceinture, il sentit de nouveau son épée.
Froide, lourde. Rassurante.
Il allait bien falloir essayer.

L'étrange inconnu était revenu s'asseoir à la table d'Alrignyr. Celui-ci l'avait écouté quelques minutes, regardant fixement la choppe de bière posée devant lui, imperturbable malgré la cacophonie ambiante. Alors qu'il partait, une multitude de pensées plus folles les unes que les autres s'étaient bousculées dans son esprit.

L'homme n'était en définitive ni un fou ni un sot. Seule sa proposition dépassait la logique. Il avait cependant réussi malgré son bafouillage incertain à jeter le trouble dans son esprit. Et s'il avait raison ?

Comme à son habitude en temps de doute, Alrignyr se reporta aux enseignements de son Ordre. Qu'arriverait-il s'il passait sa soirée ici, dans cette taverne, avant de retourner chez lui pour y attendre la sanction des nouveaux maîtres de l'Olunshun ? Il perdrait certainement son statut, et sûrement même sa vie. Pour Ognyr, mourir autrement que l'arme à la main était un déshonneur, et le déshonneur était la pire chose qui pouvait lui arriver. D'un autre côté, s'il partait avec l'homme, il participerait certainement à une belle bataille, serait considéré comme un fuyard et un hors-la-loi et gagnerait ainsi le droit de contester sa sentence, et de se défendre jusqu'à la mort, s'il le fallait.

Il ne gardait aucune haine contre le Roi; l'homme leur avait promis la reconnaissance dont ils manquaient, en échange de leurs capacités guerrières. S'il tombait aujourd'hui en les abandonnant, ce n'était certainement pas sa faute. Il lui était plutôt reconnaissant d'avoir tenu ses promesses aussi longtemps, alors qu'il aurait aussi bien pu se débarrasser d'eux à la première occasion venue, une fois leur tâche accomplie. D'une certaine manière, le tuer viendrait à renier cette reconnaissance. Cependant, il y avait fort à parier que cette déchéance le troublait au plus haut point; d'autant qu'avec son retrait du pouvoir, c'est toute son œuvre qui devait disparaitre avec lui; le labeur d'une vie balayé par des bandits égoïstes sans scrupules.

S'il venait à mourir comme l'homme l'avait conté, il trouverait certainement la paix dans le savoir que sa mort n'aura pas été aussi vaine et silencieuse que l'espéraient ses ennemis politiques. Ce serait en quelque sorte le dernier présent d'un Roi à son royaume.

L'homme était déjà dehors. Alrignyr se leva d'un bond, et se précipita à sa suite. Dans la ruelle, il le vit au loin, et il l'interpella.

- Toi !

Il laissa passer une seconde de silence avant de poursuivre :

- Le Roi passera certainement par le quartier des grimoires s'il se rend au prieuré. Là-bas, il y a des ruelles étroites qui sont propices à notre action. Je te retrouverais devant la statue des héros oubliés, ce soir, au crépuscule. J'ai des affaires à terminer avant cela...

Il se retournait pour partir lorsqu'il se ravisa; faisant à nouveau face à l'homme, il ajouta :

- Mon nom est Alrignyr. Je te le donne pour preuve de bonne foi. Et j'attends la même preuve de toi.

Une bourrasque de vent et de neige avait frappé Ravaillac au visage, alors qu'il franchissait la porte de la taverne. Les lumières de l'établissement baignaient mollement le sol boueux d'un halo jaunâtre.

Après un instant d'hésitation, il avait joint les mains pour saisir un peu de neige avant de les porter à ses joues brûlantes.
Ça n'allait pas. Ça n'allait vraiment pas. Quelle folie était sur le point de guider sa main ? Fou, il pourrait très bien l'être ; il se rappelait avec une parfaite clarté les égarements de sa mère, et la confusion fiévreuse qui l'avait emportée.
Mais ce soir... non, pas avec cette conviction placide qui lui tenait le ventre.

Les épaules ramassées, se frottant distraitement les mains pour en retrouver la chaleur, il s'était engagé dans l'allée jusqu'à ce que la clameur de la taverne ne soit plus qu'une rumeur étouffée.
Puis, contre toute attente, une voix s'était élevée derrière lui. Il s'était retourné, stupéfait, en la reconnaissant. Attentif bien qu'un peu hébété, il avait suivit les propos que l'autre lui tenait : le quartier des grimoires, la statue des héros oubliés. Bien sûr, ce secteur lui était familier - non loin dans une ruelle, des portes menaient à des couloirs, des couloirs à des boudoirs... et dans ceux-ci, les jeunes nobles désœuvrés achetaient la nuit des filles amenées du grand ouest par les marchands itinérants. A cette pensée, machinalement, il manipula un instant les deux écus qui étaient restés dans sa poche.

- Mon nom est Alrignyr. Je te le donne pour preuve de bonne foi. Et j'attends la même preuve de toi.

Par réflexe, il faillit s'annoncer par le nom de son grand-père. Rats de cour au parcours sans éclat, lui et son père n'étaient connus que de cette façon par les milieux aristocrates.

- Ravaillac... je m'appelle Ravaillac.

[HRP : Tous les super-héros savent se faire attendre... je peux vaincre Batman et Superman réunis avec le petit doigt maintenant. Désolé pour le retard.]

Et dire qu'Il pouvait se situer sous ses pieds mêmes. Il en était malade.

Tremblay avait passé la nuit à l'intérieur de la ville. Il était plus prudent de s'y reposer qu'à l'extérieur, où les routes étaient régulièrement empruntées par des brigands, dont le nombre augmentait avec le temps et le coût de la campagne au nord. Un matelas poussiéreux dans un cabanon, adjacent à une vaste propriété visiblement abandonnée lui avait servi de lit provisoire avant de reprendre son chemin.

L'Aksou ménageait désormais sa jambe en se reposant sur un banc de pierre, la carte dépliée sur ses genoux. Il releva la tête. L'aube laissait filtrer quelques rayons de lumière ; les oiseaux - d'énormes bêtes qui parvenaient, comme par magie, à s'équilibrer sur des branches d'arbres bien plus minces qu'eux - chantonnaient allègrement pendant que la vie citadine reprenait son cours. Les marchands ouvraient boutiques et les premiers badauds s'arrêtaient pour contempler le paysage. Pourtant, Tremblay n'avait d'yeux que pour son parchemin.

La carte était formelle : il devait aller au nord. Une moue réprobatrice passa sur son visage. Il n'aimait pas le nord. Il faisait froid, le paysage montagnard répétitif ne lui plaisait guère et les gens ressemblaient à de véritables barbares. Un problème se posait : comment allait-il rejoindre Olunshun ? La frontière était surveillée de près et impossible de s'engager l'armée Yojarianne afin de traverser le pays avec son handicap à la jambe. Il maniait pourtant bien le bâton et savait se servir d'un couteau - rien de bien chevaleresque, en somme. Plusieurs heures s'écoulèrent ainsi, des crampes commençaient à gagner son estomac et les passants le regardaient avec une curiosité emplie de méfiance.

Puis Tremblay se raidit pour se lever, empoignât sa canne d'une main ferme et, une lueur nouvelle dans le regard, reprit son chemin la carte sous le bras.

Ravaillac...

- Eh bien, Ravaillac, nous nous verrons ce soir. Sois prêt, et par les dieux, trouve un moyen de te désaoûler un peu !

Il partit d'un grand rire avant de tourner les talons. Son sourire s'effaça dès que Ravaillac ne pouvait plus voir son visage; son visage affichait désormais un sérieux implacable mêlé de crainte tendue. Bien qu'il aie essayé par son apparence désinvolte de rassurer son nouveau compagnon, il n'avait pas encore réussi à calmer ses propres peurs. Ses pas le dirigeaient à reculons du chemin emprunté peu avant, de nouveau vers le palais, le corps de garde, et le temple d'Ognyr où il tenait ses quartiers.

Il trouva la grand-salle étrangement vide; peu de ses confrères étaient là, partageant le repas, et encore moins avaient le cœur à le faire. Il n'était certainement pas le seul à avoir atteint ses conclusions; cependant, pour une raison inconnue, il ne se sentait plus mélancolique comme auparavant. Il avait repris le contrôle de son destin; il n'attendait plus la fin comme les autres. Au contraire, il était imprégné d'une nouvelle énergie, de celles dans laquelle se plongent ceux qui n'ont plus qu'un chemin à suivre. Les Wigurs ne croyaient pas au destin; pour lui, ce n'était qu'un mythe, celui des trois sorcières qui contrôlaient le destin des hommes et des dieux. Pourtant, à ce moment, il ne pouvait s'empêcher de remettre ses certitudes en doute.

Arrivé à sa chambre, il passa un rapide coup d'œil sur ses maigres possessions; il saisit son épée, la Feybani. Les marques qui couvraient sa lame contaient encore le fracas des batailles passées; alors que les disciples d'Ognyr combattaient à un contre vingt durant les batailles du Grand Nord, contre les tribus d'hommes-bêtes et leurs alliés, les trölls. Son bouclier, Folkvathr, portait encore les marques des haches ennemies et des brûlures acides du sang des trölls. Il lui semblait aujourd'hui que ces âges héroïques qui avaient vu la gloire de son ordre étaient révolus à jamais. Aujourd'hui, il se préparait et s'armait comme pour une bataille pour aller assassiner un vieillard.

Il ferma sa porte derrière lui avant de se diriger vers le temple où il entama une brève prière à Ognyr.

-Ognyr, je ne te demande aujourd'hui pas la victoire; car il ne dépend pas de toi qu'elle ne s'accomplisse. S'il n'est pas dans ta volonté que je me rende maintenant au quartier des grimoires, je t'en prie, fais-moi un signe et je ferais selon tes ordres...

Une voix s'éleva de derrière lui :

-Eh bien, tu repars à la guerre ? Il reste donc un ennemi dans tout l'Olunshun que tu n'aie pas participé à détruire ?

Ce n'était autre que Wilfreid, le grand prêtre d'Ognyr et son supérieur direct.

-Je ne partirais plus en guerre, à mon grand désespoir. Mais il reste peut-être encore des tâches à accomplir pour un fidèle d'Ognyr... même si leur exécution me place dans un dilemne dont j'espérais que notre dieu pourrait me sortir.

-Il ne répond pas aux problèmes personnels, et tu le sais. S'il désire que tu vainques, il sera derrière ton bouclier durant la bataille, et ce n'est qu'à cela que tu sauras sa volonté. Quant à moi, je n'ai plus d'ordre à te donner; je te donne donc quartier libre, et je pense que tu trouveras par toi-même comment t'occuper.

A ces mots, Wilfreid afficha un sourire sincère, auquel Alrignyr répondit. Ils avaient tous deux compris ce que leurs mots ne disaient pas; ayant survécu à bien des batailles ensemble, dos à dos en attendant la mort ou les secours, au milieu des cadavres de leurs ennemis, ils n'avaient souvent nul besoin de se parler pour se comprendre.

-Eh bien, si l'on me demande, tu diras que je suis parti visiter de la famille dans le sud !

Il sortit alors de la salle pour se diriger vers la quartier des grimoires. Derrière lui, Wilfreid murmura une bénédiction.

Ravaillac répondit par une timide grimace à son nouveau compagnon. Il avait raison - tout bien qu'ait put lui faire l'air glacé de l'extérieur, il n'était pas encore en pleine possession de lui-même.

Après être un moment resté là, à regarder Alrignyr s'éloigner, il était parti en quête de la source qu'il devinait derrière une construction voisine. Sur place, une rivière coulait sur des galets. Il eut une brève hésitation avant de se jeter à genoux et de plonger son visage dans le liquide aux reflets argentés. L'eau était gelée et rendait chaque gorgée douloureuse.

En se relevant, sans hâte, ses yeux croisèrent ceux d'un chien errant qui longeait l'autre rive. Il réajusta son plastron et lava sa lame, en jetant de temps à autre un regard sur l'animal. Le chien était le symbole de sa famille. Le symbole d'une mission qu'elle avait commencé à négliger bien avant qu'il ne naisse. L'actuel Roi avait ruiné l'œuvre de son père : dominé par le clergé, ballotté par les manœuvres de la seigneurie banale, celui que l'on appelait "le Débonnaire" avait appris, docilement, à se laisser porter par les évènements. Mais lui qu'on avait si brutalement mis sur le trône, jeune et inexpérimenté - n'avait-il pas été abandonné de tous ? Qui s'était inquiété des outrages qu'il subissait ? Les familles qui, comme la sienne, devaient leur position à leur fidélité passée - ces familles avaient peut-être un peu trop vite pris goût à la vie courtisane.
Et Ravaillac, pour en être lui-même un exemple édifiant, ne savait que trop bien ce que cette vie avait d'avilissante.

Il s'était distraitement essuyé les mains sur la toile de son pantalon en revenant sur ses pas.
Il n'avait pas de raison de s'attarder davantage.

Il avait besoin des Wigurs mais eux, qu'avaient-ils à tirer de lui ? La pleine mesure de son entreprise le frappait enfin. Des richesses ? Tremblay ne possédait rien de valeur hormis des anneaux et un poignard dentelé, ébréché à la base. Ses compétences martiales limitées étaient d'autant plus ridicules mesurées à un peuple guerrier et sauvage où il ne serait d'aucune utilité en combat.

Il n'avait plus rien à perdre à tenter de les rallier à sa cause. Il n'avait plus rien à perdre maintenant qu'il avait trouvé comment accéder à Olunshun.
Il existait un chemin sûr où aucune armée nordique n'oserait s'approcher : la baie d'Horfond. Cette terre reliant Yojaran et Olunshun était tristement célèbre jusqu'en Tranzouk. Dans sa terre natale, on lui avait compté de nombreuses histoires effrayantes sur ce lieu où les navires chaviraient et les hommes étaient pris de folie. Il n'avait pas d'embarcation et sa santé mentale étaient déjà trop compromise par ses racines pour qu'il y prête attention. Sur ces constatations, il avait loué un cheval en gage d'un anneau ravissant dans une écurie aux alentours de la ville - inutile de préciser qu'il ne comptait pas revenir récupérer son bien. La bête ne payait pas de mine mais elle courait bien et depuis les deux heures qu'elle vagabondait docilement dans les plaines, Tremblay pouvait déjà reconnaître que la distance avec l'Olunshun avait grandement diminué. En effet, la chaîne de montagnes qui couvrait le sud-ouest du pays devenaient désormais discernables à l'horizon et, au pied de celles-ci, siégeait la capitale.

Ses provisions diminuaient et le cheval allait s'épuiser rapidement s'il devait conserver encore longtemps cette allure. Il quitterait la route d'ici quelques heures pour descendre dans la baie où il serait certain de ne pas être dérangé. La nuit tombée, il sera bien plus facile de repérer un cheval au galop et il devait à tout prix éviter d'attirer l'attention.

D'après ses estimations, Tremblay foulerait le sol de la capitale de l'Olunshun demain dans la matinée. Demain...

Alrignyr marchait à bonne allure dans les ruelles de la capitale. Dans son dos, dissimulé par sa cape et la peau de loup accrochée autour de son cou, son bouclier battait contre ses omoplates à un rythme rassurant, et à son côté, la brave Feybani se tenait droite et imperturbable dans son fourreau.

Bien qu'il se préparait à commettre l'irréparable, Alrignyr se sentait plus calme que jamais; c'était le calme qui l'habitait à chaque fois qu'il se préparait à se battre. Cette fois, la bataille serait facile, mais les conséquences plus graves et plus importantes que celles d'aucune autre bataille à laquelle il aie participé. Pourtant, il savait sa cause juste, et il ne doutait plus.

Devant lui, la silhouette de la statue des héros oubliés se découpa contre le ciel sombre du crépuscule, à peine éclairée par les lumières des habitations alentours. C'était une petite place ronde, sur laquelle donnaient trois ruelles, perdue dans le vaste quartier des grimoires. Les visages polis des vieux héros de l'ancien temps ne montraient plus aucun signe distinctifs. La mémoire wigur les avait oubliés depuis longtemps...
Le temps passe, les héros et les batailles sont oubliées; rien ne semblait perdurer longtemps dans cet age nouveau.

Il s'assit sur le rebord de la statue et attendit patiemment l'arrivée de Ravaillac, perdu dans ses pensées.

Quelques minutes s'écoulent jusqu'à ce que Ravaillac et Alringnyr rejoignent le cortège. Dissimulés à l'angle d'un bâtiment, ils observent les torches s'avancer dans la ruelle.

Protection du cortège
Résultat :


- Huit, neuf... douze hommes. Je crois.

Ça ne s'annonçait pas bien. Comme prévu, le convoi ne disposait d'aucune réelle protection - mais dans la confusion, la concentration d'hommes dans un espace aussi contigu ne leur faciliterait pas les choses.
Ravaillac hésita un instant, avant d'ajouter, mal à l'aise :

- Il y a un autre problème.

Il avait l'air réellement soucieux.

- L'homme qui marche un peu en retrait du palanquin. Ce n'est pas un moine, il s'appelle Hoznar. Il est malhabile à l'épée, mais l'autre arme qu'il porte serait dangereuse dans les mains d'un enfant.

De basse extraction, l'homme s'était inséré on ne sait comment dans les milieux courtisans. Paré d'une tunique aux couleurs criardes, de longs cheveux bouclés dominés par un crâne parfaitement chauve, Hoznar était facile à reconnaître, plus que la plupart des nobles en fait ; cela valait souvent aux autres hommes de cour de disserter sur l'intentionnalité de ses nombreuses fautes de goût. Il y a quelques mois, c'est d'un marchand de l'Occita Camino qui aimait un peu trop le jeu qu'il avait obtenu l'objet ; depuis, il ne s'en séparait plus. Ravaillac ignorait la raison de sa présence, mais il était là, et ils allaient bien devoir compter avec lui.

- Nous ne sommes que deux. On ne peut pas risquer qu'un d'entre nous reçoive une blessure handicapante avant même d'atteindre le groupe.

Ravaillac jeta un œil au bouclier d'Alrignyr, avant d'ajouter :

- Mais s'il se sent en danger avant d'être à portée de lame, l'étroitesse de la ruelle ne sera définitivement pas à notre avantage.

Le cheval refusait d'avancer. Péniblement, Tremblay mit pied à terre et foula pour la première fois de sa vie le sable de la baie d'Horfond - un sable très fin et très pâle, apparent à de la poussière. La nuit l'avait rattrapée depuis plusieurs heures et le reflet de la Lune dansait désormais dans le sillon des vagues dont le flux et le reflux rythmaient le chant du vent. Il apercevait à l'horizon le mât brisé d'un navire. Les récifs étaient certainement traîtres mais le calme du paysage lui avait définitivement enlevé toute suspicion sur une quelconque malédiction de ce lieu.

La bête peinait à rester en place : elle reculait et, lorsqu'il la forçait à avancer, elle hennissait et se cabrait. Dans une énième tentative consistant à tirer le cheval tout en l'injuriant, Tremblay lâcha les rênes et l'animal repartit au galop vers les terres. Il le regarda partir au loin, encore un peu assommé, puis il maudit - une nouvelle fois - le mauvais sort avant de reprendre son chemin... à pied.

La nuit s'avançait inexorablement, la plage s'étendait toujours plus loin, les récifs devenaient toujours plus hauts mais la faune et la flore semblaient absentes de ce décor. Les mats et squelettes de bateaux lugubres, eux, demeuraient omniprésents et encombraient même à certains endroits le passage entre la plage et le récif. A plusieurs reprises, un passage dans la roche qui épousait la forme de la baie, et pouvant déboucher sur les terres attira l'attention de Tremblay mais il était bien trop dangereux qu'un homme seul s'y risque. Les jambes lourdes, le corps épuisé et la tête chancelante, il établit un campement de fortune avec son manteau et son bâton.

Il découvrit alors ce que les légendes taisaient au sujet de cette baie. N'existaient-elles que pour mieux masquer la vérité ?

Alrignyr, un peu en retrait de Ravaillac, observait lui aussi le cortège par-dessus son épaule. Il écouta attentivement l'avertissement de son compagnon, avant de fixer lui aussi Hoznar.

Il observa ses mouvements; ils manquaient de souplesse, et sa démarche lourde et bruyante trahissait un manque de prudence flagrant. L'homme n'était pas vraiment sur ses gardes, ce qui ne pouvait vouloir dire que deux choses : soit il était très sûr de lui, soit il était complètement inconscient. Dans les deux cas, il allait tirer les leçons de sa stupidité. Il fallait cependant se méfier, car Ravaillac avait vu juste : ces nouvelles armes de l'Occita Camino pouvaient tuer un brave, même dans les mains d'un enfant, et à distance qui plus est.

- Une poivirière, n'est-ce-pas ? Je les ai déjà vues à l'œuvre. Avec elles, impossible de rater sa cible, les projectiles se dispersent trop largement. Mais je crois qu'elles ne peuvent tirer qu'un seul coup. Il faudrait utiliser cela à notre avantage...

Pensif, Alrignyr observait le cortège continuer sa marche dans leur direction. Quelques moines, quelques officiels, rien d'autre que de la piétaille qui s'enfuirait sitôt le danger apparu. Rien ne s'opposait réellement à la réussite de leur mission; mais comme l'avais souligné son compagnon, ce n'était pas le moment de recevoir une blessure handicapante. Si l'on pouvait rattacher le meurtre du Roi à une action isolée, l'impact politique serait nul et il ne servirait à rien.

-Voilà ce que je te propose. Je vais monter à l'étage de ce bâtiment, à droite.

Il désigna une maison branlante, de trois ou quatre étages, qui dominait la ruelle de ses balcons.

-Lorsque le palanquin passera en dessous du balcon, je sauterais derrière, au milieu de l'escorte. Dans la confusion, cet Hoznar devrait faire feu dans ma direction, et il touchera probablement les moines. Cela devrait créer assez de confusion pour te permettre de t'approcher discrètement du palanquin et assassiner le Roi.

Alrignyr visualisa son plan de bataille. S'il pouvait se protéger avec son bouclier et le corps de l'un des officiels, la décharge de la poivrière devrait être assez amortie pour le laisser indemne. Tout cela supposait que l'homme serait assez affolé pour faire feu malgré la présence de l'escorte...
Comme d'habitude, il jugeait la situation en fonction de ses impressions. S'il avait correctement analysé son adversaire, il sortirait victorieux de la bataille. Dans le pire des cas, l'assassinat devrait tout de même avoir lieu, même s'il était gravement touché.

-Alors, Ravaillac, qu'en dis-tu ?

Ravaillac hocha de la tête en signe d'approbation. Dans l'état d'anxieuse concentration où il se trouvait, il aurait donné son consentement à n'importe quel plan.
Le Roi... s'approcher et tuer le Roi. Dans la bouche du prêtre-guerrier, ça semblait simple - mais une fois qu'il se retrouverait face au vieil homme, il savait qu'il en serait tout autrement. Alors que Ravaillac sentait ses muscles se raidir et sa main se crisper sur la garde de son épée, il réalisa à quel point sa préparation était perfectible.

- Attends une seconde... que feras-tu, une fois tout ça terminé ?

A aucun moment, Ravaillac n'avait envisagé ce qui pourrait advenir de lui. Il faudrait certainement quitter Olunshun - il n'était pas pressé de connaître l'étendue de la créativité dont peut faire preuve un geôlier qu'on laisse interroger un régicide. La densité des baraquements dans cette partie de la ville ajouterait sûrement à ce que la nuit leur procurait déjà de discrétion. Mais il fallait décider d'une direction.

- Si nous réussissons, je pense partir pour l'ouest. Autrefois banni, un de mes grands-oncles s'est installé là-bas, plus loin, au cœur de récifs. Il pourra me fournir un lieu sûr pour me cacher.

Ravaillac haussa les épaules, puis adressa un sourire maladroit à Alringnyr :

- Enfin, s'il est encore en vie. Si tu le souhaites, tu peux te joindre à moi.

Alrignyr était déjà perdu dans son plan de bataille quand les chuchotements de Ravaillac le ramenèrent à des considérations moins pratiques.

- Attends une seconde... que feras-tu, une fois tout ça terminé ?

Après ? Il ne s'était pas posé la question. La vérité, c'est qu'il espérait un peu périr pendant l'assaut, aux prises avec cet Hoznar... Mais il savait, bien sûr, que cela n'arriverait sûrement pas. La mort glorieuse dont rêvaient tous les prêtres d'Ognyr... pouvait-elle être octroyée par son dieu dans une ruelle crasseuse, fasse à un homme seul ? Il en doutait. La question de Ravaillac n'était de ce fait absolument pas malvenue, et le manque de bon sens dont Alrignyr faisait preuve lui fit un peu honte.

- Enfin, s'il est encore en vie. Si tu le souhaites, tu peux te joindre à moi.

Un plan en vaut bien un autre, pensa-t'il. S'il ne pouvait rester dans la capitale par peur des représailles, il lui faudrait bien trouver un fourreau à son épée, comme disaient les prêtres d'Ognyr. Et puis, s'ils devaient tous deux participer à ce régicide, la compagnie de Ravaillac serait certainement plus que bienvenue une fois le feu de la bataille passé et les premiers doutes apparus.

- Très bien, fit Alrignyr. Sans culte d'Ognyr, plus rien ne me retient ici; je te suivrais, tant que tu me promets de belles batailles ! Allons, je vois le cortège qui s'approche. Si nous venions à être séparés, retrouvons-nous à l'auberge des trois muettes, à une journée de marche à l'ouest de la ville. Puis nous rejoindrons ton grand-oncle.

Ceci dit, il entreprit de gravir le mur du premier taudis; de là, il espérait rejoindre les balcons avant que n'arrive le cortège. Il fit un signe de la main, sans se retourner, qu'il espérait rassurant pour son compagnon d'infortune.

L'auberge des Trois Muettes - bien sûr, Ravaillac connaissait. Comme tous les lieux où on était susceptible de trouver prostituées et liqueurs, il avait l'impression d'y avoir passé sa vie de jeune noble désœuvré. Il esquissa une grimace en repensant aux dernières paroles d'Alrignyr. De belles batailles... les prêtres d'Ognyr étaient vraiment des Wigurs selon les canons du manuel. Ravaillac sentait sa durée de vie rétrécir à la seule évocation.

Mais les murmures du cortège se faisaient proche, désormais. La main à la garde, accroupi, Ravaillac se déplaça à l'angle du mur que son compagnon venait d'escalader.
Que ses tempes battent à tout rompre n'y changerait plus rien : il était maintenant trop tard pour revenir en arrière.

Alrignyr se déplaça silencieusement sur les toits, et atterrit sur un balcon branlant, juste au dessus du cortège. De près, on pouvait voir que la foule était constituée de moines plus vieux les uns que les autres; probablement les seuls à s'intéresser de près à un évènement devenu aussi insignifiant que l'exil du vieux roi. Le palanquin se balançait de droite à gauche au gré des pas lents des porteurs, qui marchaient en mesure avec les psalmodies de la troupe. Des lourds rideaux cachaient à la vue de tous l'intérieur du palanquin, où le roi se tenait.

Alrignyr repéra Hoznar, l'homme à la poivrière. Il était entouré de plusieurs pages, tous armés de la traditionnelle épée Wigur. Il tendit ses muscles au moment où le petit groupe passait en dessous du balcon, prêt à bondir.

Résultat de l'action :


Il atterrit sans mal au beau milieu de la troupe de pages qui accompagnait Hoznar, écrasant l'un d'eux sous son poids au passage. La Feybani cria en sortant de son fourreau, tranchant dans le même élan un autre des pages au niveau de l'épaule. L'action fut si soudaine que peu d'entre eux avaient eu la présence d'esprit de même dégainer leurs armes alors qu'il s'écroulait. Seul, Hoznar sortit sa poivrière, et tira sa semonce dans la direction d'Alrignyr.

Résultat de l'action :


Alrignyr s'était réfugié derrière l'un des pages au moment où le coup partit; malheureusement, il n'avait pas eu le temps d'interposer son bouclier pour se protéger du tir, et la grenaille traversa sans peine le corps du malheureux pour venir se ficher dans le bras gauche du guerrier. Il serra sa mâchoire et tenta de faire taire la douleur, en vain. Hoznar avait cependant été tout aussi malheureux; la décharge de poudre avait été mal dosée et l'arme explosa en lui arrachant la majeure partie de la main. Alrignyr finit le travail en lui fichant sa lame entre deux côtes.

Autour de lui, les pages revenus à leurs esprits tirèrent leurs lames et encerclèrent le guerrier, alors que dans un fracas épouvantable les moines se ruèrent en tous sens, bousculant les porteurs du palanquin et manquant de le renverser.

Le bras engourdi d'Alrignyr le lançait terriblement, et il doutait de pouvoir tenir son bouclier sous les assauts des jeunes pages. Le combat serait rude, à n'en pas douter, mais là n'était pas l'important. Il espérait que son assaut avait été assez bruyant pour offrir à Ravaillac la chance de porter au roi le coup fatal.

Assassinat du Roi
Résultat


L'assaut d'Alryngnir avait détourné toutes les attentions ; le palanquin renversé, son escorte lui faisant dos, Ravaillac n'eut aucun mal à s'en rapprocher. Empesés, irréels, ses pas le menèrent bientôt à une petite forme ramassée sur le sol.

L'ancien roi d'Olunshun observait le combat du prêtre-guerrier avec une distance perplexe. La bouche entrouverte, sans barbe et vêtu d'une simple tunique de toile, tout entier faiblesse et absence, il ne dégageait plus rien de semblable à ce que son aura fût. C'était pourtant le même homme. Autrefois roi ; ce soir, vieillard amoindri, hébété, à quatre pattes dans la neige.

Prêt à abattre son épée, quelque chose en Ravaillac lui imposa pourtant d'adresser quelques derniers mots à son roi - une phrase lapidaire, maladroite bien qu'il la voulut réconfortante, mais avait-il la moindre idée de ce qui eût été approprié ? Il regretta immédiatement son geste, puisqu'après l'avoir un instant considéré avec la même hébétude que le reste, le vieux roi se jeta sur lui dans une frénésie affolée. Collé contre lui, ses yeux fiévreux plongés dans les siens, il essaya désespérément de retenir le bras du jeune noble. Des râles plaintifs qu'il laissait échapper, Ravaillac devinait sans peine toute sa peur de mourir. Mais l'effort, quoi qu'il fut remarquable, demeura parfaitement vain : sa jeunesse donnait à Ravaillac un ascendant considérable sur le vieil homme.

La lutte fut courte avant qu'il ne parvienne à accompagner sa lame jusque dans les chairs de son maître ; lorsque celui-ci lâcha enfin prise et que ses bras retombèrent le long de son corps, Ravaillac retira son épée, et d'un revers si ample qu'il manqua de justesse de le déséquilibrer, il parvint finalement à séparer cou et tête. Ni le froid de la rue, ni les sons de la lutte de son compagnon ne lui furent renvoyés par ses sens comme ils l'auraient dû.

Ravaillac resta là, immobile, jusqu'à ce que la petite boule sanglante ait terminé sa course sur le sol. Il observa une dernière fois son visage, ses yeux fiévreux à demi clos, puis, d'un sursaut trébuchant, se précipita vers Alryngnir pour lui porter son aide.

Alrignyr venait d'empoigner l'un des pages de sa main ensanglantée et l'utilisait comme bouclier pour éloigner les autres, lorsque des exclamations se levèrent du côté du palanquin.

Les vieux prêtres, horrifiés, voyaient rouler devant eux la tête de leur Roi; un instant, tous les pages qui l'entouraient se turent, observant la scène, choqués et incapables de reprendre leurs esprits.

Pour Alrignyr aussi, le choc fut rude. Voir de cette manière l'homme qu'il avait toute sa vie considéré comme son seigneur et maître, une simple boule de chair roulant sur le sol, lui faisait réaliser l'ampleur de leur action. Ils avaient assassiné le Roi; même le régicide d'un Roi déchu allait frapper les foules de plein fouet, et les prochaines semaines promettaient d'être particulièrement agitées.

Mais la pause fut de courte durée. Profitant du fait qu'il avait recouvré ses esprits avant les autres, il souleva le page infortuné et le projeta dans la foule. Foulant du pied pages et prêtres, il courut dans la direction du palanquin, espérant rejoindre Ravaillac et prendre la fuite le plus vite possible.

Fuite
Résultat :


Ravaillac s'éveilla doucement aux bruits qui l'entouraient. Il identifia rapidement la ruelle pavée, pris note de l'odeur d'urine que ses vêtements exhalaient, de sa bouche pâteuse et de ses doigts engourdis. Ses yeux grands ouverts, ce fut comme s'il retrouvait la vue, et la plénitude cotonneuse dans laquelle il baignait ne laissa place qu'à une fatigue abrutissante. Alrignyr ; Alrignyr était sa destination. Il était prêt à reprendre sa course vers les pages, lorsqu'il réalisa que le prêtre d'Ongyr lui empoignait le bras avec un regard où l'interrogation disputait à l'inquiétude.

Non loin au sol, un corps évidé venait de rejoindre la dépouille du roi, bien qu'il ignorait si cette victoire était son fait ou celui de son compagnon ; il comprit cependant que l'heure n'était plus au combat, que le moment était venu de rengainer son épée et de songer à sa vie. C'est à cette pensée qu'il réalisa que, précisément, il n'avait plus rien à glisser dans le fourreau qui pendait à son côté. Sans doute avait-il laissé tomber son arme ici, quelque part dans la boue et la neige, mais il était trop tard pour s'en inquiéter.

Un regard jeté en arrière révéla que les derniers pages en état de se battre n'en avaient plus l'intention ; ceux qui ne s'étaient pas agenouillés pour prier disparaissaient déjà dans les rues opposées. Aucun n'était véritablement formé pour le combat, et leur supériorité numérique était devenue moins certaine ; on ne défend pas un homme déjà raccourci d'une tête au mépris de sa propre vie.

C'était là tout ce dont ils eurent besoin pour s'évanouir dans la nuit. Ravaillac eut l'impression que leurs pas résonnèrent encore longtemps après eux, comme la preuve coupable de leur fuite vers l'ouest.